Bruno Uyttersprot est le grand inspirateur du collectif post punk bruxellois Factheory, qui présente son premier album avec ce "Serenity In Chaos" sur son propre label K1L Records.
Auparavant, il y avait eu quelques EPs pour inscrire le nom de ce collectif dans notre mémoire collective.
La musique de This Factheory est un post punk très intime, quelque peu poétique aussi, introverti plutôt que mordant.
Les chansons semi-acoustiques sont parsemées ici et là d'influences cold wave et même folk.
Par exemple, le charmant morceau d'ouverture "Brasov" est une belle réflexion sur le post punk vieilli avec ces influences folkloriques.
Sur " Eternal Youth ", la voix de Bruno me rappelle un peu Ian Curtis à l'époque de " The Eternal ". "Waves" danse sur un air de reggae, le dub était autant un élément essentiel dans les années 80 dans la recherche d'un nouveau son pendant l'apogée de la new wave. "Lady Of The Sun" est une version dénudée et légèrement plus cool de And Also The Trees.
Quelque chose me dit que les fans de ce groupe apprécieront également ce "Serentiy In Chaos", ne serait-ce qu'à cause de cette même atmosphère parfois lugubre. Toujours calmement ondulant, jamais sauvage mais ondulant avec ici et là une tête mousseuse sous une couverture de feuilles d'automne tombées au sol. En ce sens, ce n'est peut-être pas le moment le plus approprié pour écouter ce premier album.
"No Limit " tente d'injecter une certaine tension dans la chanson avec des paroles mordantes en français et un grognement hésitant, ce qui est à mon avis le point faible de l'album. De même, l'ouverture de "Sign 43" s'inspire d'un OMD naissant des années 80, avec un chant un peu plaintif et des arrangements austères, oui, c'est ça la froideur et la nudité des années 80. La décennie dans laquelle ce Factheory a grandi. "Surprise Partie" dégage même une sorte de scénario d'horreur en français, un peu comme un film noir qui se lit comme un roman mais où l'on n'arrive jamais vraiment à la chute. Le piano illumine l'intro de "World Apart", merveilleusement simple, sombre et persistante, à la croisée du gtoh, de la cold wave et du post punk.
A la fin de l'album, on trouve la chanson titre, une sorte de cauchemar doux et fiévreux qui consume la peur et le désespoir sans trop de bruit, pour ensuite les recracher dans une sorte de paysage sonore électronique.
Et pourtant, cela reste magnifique.
Le nom du groupe, "Factheory", fait référence au légendaire label Factory qui a permis à Joy Division, entre autres, de se faire connaître.
".
"Serenity In Chaos" est un album post punk austère, un peu poétique et introverti où il faut surtout écouter intensément et ne pas s'occuper superficiellement de la vaisselle ou du dîner pendant ce temps.
Non, cela ne marchera pas,
"Serenity In Chaos" a besoin de silence et d'attention,
ce n'est qu'à cette condition que vous apprécierez cet album.
Serein, donc, et en ce sens parfaitement équilibré avec son titre.
La création de la pochette est de Jean-Micel Uyttersprot,
sur base du travail architectural de Constantin Brodzki et Marcel Lambrichts.
"Ancien siège du CBR" Bruxelles
la photos de base est de @Jean-Paul Remy.